Infirmière en pédiatrie : prendre soin de la vie est un cadeau

Anémone
" Fée des petits patients, qui dorment sous les pétales des anémones "


Parle-moi de ton parcours, de ton travail au quotidien dans ton service, la façon dont tu exerces, quelles sont tes motivations, que trouves-tu d’intéressant dans la spécificité de ton service ?

Le travail en pédiatrie s'apparente à un tour de manège. Il y a des hauts et des bas, des moments éphémères et d'autres éternels. Une palette de couleurs émotionnelles qui teintent les journées et un bout du parcours des enfants et de leur famille. Légèreté, insouciance et spontanéité rythment le carrosse de la vie. Être infirmière en pédiatrie est un mélange de fierté et d'accomplissement. Prendre soin de petits êtres est un cadeau qui se traduit par beaucoup de gratitude. Prendre soin de la vie est un cadeau. En effet, je travaille dans les différents secteurs de la pédiatrie : néonatologie, urgences, soins continus, hôpital de jour, polyclinique et hospitalisation. Je n’appréhende aucune journée ou nuit de travail, car je sais que le travail d’équipe m’attend, qu’il soit avec les collègues, les enfants et les parents. Joindre le côté ludique et la créativité aux soins est très intéressant, bien qu’il faille de la patience pour travailler en pédiatrie. A cette vertu, s’accompagne l’urgence, le stress des réanimations néonatales ou des déchocs aux urgences. Des moments parfois difficiles qui rythment nos journées mais qui permettent aussi de donner du sens à notre profession. La polyvalence et l’adaptation en chefs d’orchestre, les partages et la communication qui donnent le tempo, un remerciement, un sourire, une vie sauvée en guise d’applaudissements et finalement, une satisfaction personnelle pour rideau final.

 

 

Mon parcours de vie m'a amené à devenir une infirmière. J’ai failli perdre mon papa à l’âge de 5 ans et je me rappelle comme si c’était hier les visites à l’hôpital, la désinfection des mains, la blouse et la charlotte portées, les différentes pompes à perfusion qui "illuminaient" papa, ainsi que son respirateur. J’ai toujours su qu’à mon tour, je contribuerais à sauver des vies autrement qu’à travers mes dessins, chansons et visites au lit de papa. La pédiatrie m’a choisie. 

J’ai eu la chance de faire mon dernier stage de 3ème année à la Haute École de Santé (HES) de Sion dans ce service, et j’ai reçu une proposition d’engagement à mi-stage. Je ne me suis jamais sentie autant à ma place qu’auprès des enfants et de leur entourage. Je travaille à 100% depuis 3 ans, car j’ai toujours travaillé à ce pourcentage, pour des raisons financières mais également formatives. Devenir "experte" dans un domaine exige un haut pourcentage au départ. Ma motivation principale vient du fait que j'aime mon travail et que je l'exerce avec force et conviction.

 

Trouves-tu que ton expertise infirmière soit valorisée sur ton lieu de travail et peux-tu mettre en pratique les compétences apprises lors de tes études ?

Oui, la communication avec mes ICUS/ICS* est quotidienne, le travail interdisciplinaire également. De ce fait, mon jugement clinique peut se développer et j’ai la chance de bénéficier de formations continues à l’interne où les échanges sont vifs.

(*ICUS : Infirmière Cheffe d'Unité de Soins, *ICS : Infirmière Cheffe de Service)

 

Penses-tu que l’art ait sa place dans des soins de qualité ?

Absolument. Prendre soin est un art.

 

Que penses-tu de mettre en lumière de manière artistique la profession infirmière à travers le body art et la mise en beauté ?

Il est très intéressant de l’explorer mais dans un univers particulier, l’oncologie ou les soins palliatifs, ainsi que la chirurgie.

 

Penses-tu que l’aspect artistique de ce projet puisse renforcer de manière positive l’initiative populaire pour des soins infirmiers forts ?

Oui. Et même si ce n’est pas le cas, il faut parler de notre profession. En parler la valorisera forcément !

 

Penses-tu que l’aspect esthétique que je propose amoindri les aspects professionnalisants que nous revendiquons au travers de cette initiative ?

Pas du tout, je le considère comme un prendre soin de soi, soignant ou patient !

 

Penses-tu qu’il soit important pour une infirmière d’apprendre à prendre soin d’elle et de renforcer son estime de soi, son bien-être personnel, de reconnaître ses forces et faiblesses et de savoir se positionner pour être une infirmière épanouie et efficace au sein des équipes et avec les patients ?

C'est essentiel.

 

Est-ce que la crise du COVID a changé drastiquement tes conditions de travail, ta manière d’exercer ta profession ?

La seule chose qui change est le fait que je dois m’adapter à divers secteurs autres que la pédiatrie. J’ai été amenée à travailler en gériatrie ou aux urgences adultes. Pas facile de switcher de population, pathologies, traitements, etc. Mais finalement, une infirmière est polyvalente et je suis contente d’avoir été utile durant cette crise.

 

Si tu avais un souhait, que changerais-tu pour la communauté des infirmières et de tous les soignants ?

Dans un monde idéal, une reconnaissance digne de ce nom de la profession, des conditions de travail adéquates et finalement, un respect mutuel.

 

As-tu déjà pensé à arrêter la profession ?

Oui, cela m’est arrivé il y a peu. Ce n’est pas la profession que je remets en doute mais plutôt les conditions dans lesquelles on l’exerce. Pas évident de jongler avec les différents horaires, le travail de nuit, la vie sociale-sportive-privée. En temps de COVID, j’ai aussi été amenée à travailler dans d’autres services, malheureusement, cela n’a été que très peu reconnu ou soutenu par la direction.

 

Si tu pouvais changer de voie que ferais-tu ? 

De la décoration d’intérieure ou une formation sportive.

 

Le mot de la fin ? 

Il est important de prendre soin de soi pour pouvoir efficacement prendre soin de l’autre. Je trouve que ton initiative et ta palette de couleurs mettent du baume au cœur !


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